Démographie

Mes Chers Compatriotes,

Comme vous le savez certainement, vous êtes observés, partout et en permanence : systèmes Echelon et Frenchelon, caméras de surveillance, votre belle-mère, votre patron, vos employés (selon les cas), votre sous-chef de bureau adjoint par intérim de remplacement, les oreilles de François Bayrou vous écoutent, l'œil qui était dans la tombe et regardait Caïn…

Il n'y a pas de raison que ce blog échappe à la règle. Mon nègre écrivain de couleur et moi-même avons donc procédé à une petite étude démographique de votre groupe si disparate de connectés au Blog du Chi. Nous nous sommes intéressés aux heures de connexion.

Sur 24 heures, vous êtes environ 1 000 à venir prendre ici des nouvelles du pouvoir et de ses coulisses (ce qui est mieux que de tordre des trombones).

De zéro à quatre heures, ce sont les couche-tard et les noctambules. Éveillés comme des chouettes sur leur arbre, ils frétillent du clavier avant d'aller s'écrouler comme des brutes sur leur couche de douleur.

De quatre à huit heures, fraîchement éjectés de leur sordide paillasse par un réveil impitoyable, voilà les lève-tôt qui n'ont pas la chance de disposer d'une connexion Internet sur leur lieu de travail : conducteurs de bus non-incendiés, chauffeurs-livreurs, forts des Halles, imams, rabbins, pasteurs et prêtres - avant le premier office (les religieux sont comme les militaires : ils n'ont rien à faire, mais ils le font de bonne heure).

Puis, de huit à dix heures, viennent les rudes travailleurs salariés dont le patron a eu l'immense faiblesse bonté de les doter d'un ordinateur connecté au Net, en s'imaginant que cela ferait monter la productivité, le simplet. Leur heure de connexion varie en fonction de la priorité accordée à la machine à café par rapport à l'informatique, ainsi que du nombre de cafés ingurgités.

De dix à treize heures, ce sont les Grands Professionnels : ceux qui, sitôt arrivés à la mine au bureau, se ruent bêtement sur des tâches que leurs collègues eussent très bien sabotées un peu plus tard et sans leur concours. Vers dix heures, ils ont épuisé les occasions de fayoter auprès du Chef et/ou ont été victimes d'une réflexion désagréable. Ils prennent donc un petit café et se mettent à leur activité principale : le surf sur la Toile. Puis, déjeuner avec Ginette de la compta et Jean-Raoul Ducable, le coursier motocycliste.

A partir de treize heures et jusqu'à dix-sept heures, nous avons ceux du groupe précédent qui avaient raté quelque chose le matin et qui s'en sont aperçus en déjeunant avec les copines. Plus les Intellectuels : ceux qui ont consacré la matinée à la lecture du Monde (le journal, pas la planète - qui est illisible) et se dépêchent de rattraper leur retard, car ils sont - BlogduChiment parlant - passés pour des truffes lors de la pause méridienne et prandiale. S'y ajoutent ceux qui sont arrivés vraiment en retard.

De dix-sept à dix-neuf heures, c'est un peu creux pour les français. Il y a surtout des étrangers (qui sont enfin levés, tas de feignants). Quant à nos Compatriotes (Chers), ils essayent de rentrer dans leurs masures éloignées malgré les embouteillages organisés par les Maires des Grandes Villes, les grèves de la SNCF et les incidents techniques du métro.

De dix-neuf heures à minuit, on retrouve : ceux du groupe 4/8 qui viennent voir le post du jour - affiché après leur départ, ceux de tous les autres groupes dont le système informatique a planté au bureau, ceux qui ont travaillé normalement et ceux qui préfèrent faire la gueule à leur famille plutôt que de regarder la soixante-seizième diffusion des Feux de l'Amour.

Merci à tous et particulièrement à ceux qui font partie de tous les groupes à la fois.

Bien à vous,

Jacques